Instantanés 22 à 26

Les instantanés, ce sont de petits écrits écrits le soir. La dernière chose que je fais avant de me coucher, après la journée. Ça fait quelques lignes, ça prend quelques minutes. Ce sont des petites histoires, des poésies, des pensées, des phrases seules. Les instantanés, ils sont écrits à la suite de mon journal intime abandonné. Ce n'est sûrement pas pour rien.

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Dimanche 5 octobre - 0h13

La plage s'étend sur des kilomètres et des kilomètres. Du sable à l'infini. La côte est droite. Étrangement, il n'y a personne. Personne dans l'eau qui commence à se rafraichir sérieusement en ce début d'automne. Personne sur la plage, pas une serviette sur le sable balayé par un vent frais qui vient du large. Personne dans les dunes où poussent dans des conditions extrêmes quelques oyats plantés il y a des années. Pas d'autres bruits que ceux du vent et des vagues. Ces vagues majestueuses, énormes au lointain et qui s'avancent rapidement sur le sable. Chacune grignote un peu plus de terrain que la précédente. L'océan avance ainsi, lentement. Je l'attends. Enfin je sens l'eau venir glacer mes orteils. Après quelques vagues, elle atteint mes chevilles. Une vague plus forte que les autres vient éclabousser le bas de mes cuisses. C'est le signal. C'est elle qui me l'envoie, pour me dire qu'elle est là. Je sais ce que je dois faire. Alors je m'élance vers le large, fais un formidable bond lorsque l'eau m'arrive aux genoux, et je me mets à courir sur la surface de l'océan. Au bout de trente foulées, je plonge vers elle. Cette mystérieuse force qui m'a attirée, et qui est la seule à savoir pourquoi. Peut-être me le dira-t-elle. Peut-être me laissera-t-elle dans le doute éternellement.

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Lundi 6 octobre - 22h52

L'eau coule sous les ponts. Elle défile à une allure impressionnante. J'ai envie de la suivre depuis ce pont, jusqu'à ce qu'elle y revienne. Vivre son cycle. D'abord dans cette rivière, puis dans un fleuve. Arriver ou non à la mer, peut-être être bue avant. S'évaporer. Être à nouveau transportée sur des milliers de kilomètres, mais là haut cette fois. Retomber sur terre. Glisser jusqu'à la rivière. Et passer sous ce pont, encore, encore, et encore.

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Samedi 11 octobre - 0h28

Vie était belle encore. Mais peu à peu, jour après jour, elle se ternissait. Chaque jour elle perdait un peu d'elle-même. Ses meilleures éléments disparaissaient. Les plus représentés. Les mieux adaptés. Ils s'en allaient les uns après les autres. Jusqu'à ce qu'il ne restât plus qu'une espèce. Elle fit tout ce qu'elle pu pour garder Vie avec elle, ou plutôt pour rester avec Vie. Elle mobilisa toutes les connaissances scientifiques qu'elle avait acquise. Mais elle ne trouva pas de solution. Au bout de quelques jours à peine elle fut complètement anéantie. Et alors Il se pencha sur Terre pour récupérer la chose la plus imparfaite et la plus dangereuse qu'Il avait fabriqué. Il se pencha pour reprendre Vie.

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Dimanche 12 octobre - 0h19

Et là-bas, tout au fond, se dessinaient les côtes anglaises. Alors que nous ramassions des coquillages sur le sable fin. Il faisait beau ce jour là. Beau, et chaud. Un temps idéal pour aller à la mer. Pour se baigner dans cette autoroute maritime pleine de mazout et de cabillaud interdit.