Instantanés 42 et 43
Les instantanés, ce sont de petits écrits écrits le soir. La dernière chose que je fais avant de me coucher, après la journée. Ça fait quelques lignes, ça prend quelques minutes. Ce sont des petites histoires, des poésies, des pensées, des phrases seules. Les instantanés, ils sont écrits à la suite de mon journal intime abandonné. Ce n'est sûrement pas pour rien.
Mardi 25 novembre - 23h07
La ville est blanche. Il a beaucoup neigé, cette nuit. Le froid s'est abattu d'un coup hier soir, surprenant quelques hirondelles tardives. Ce matin les trottoirs sont recouverts d'une grosse pellicule de neige, un peu verglacée par endroits. Les piétons hésitent, avancent lentement d'une démarche lourde. Quelques enfants avec leurs mères s'envoient des boules de neige. Une jeune lycéenne pressée est victime d'un tir imprécis. Impassible, elle continue sa route en slalomant entre les plaques de verglas. Le bas de son jean est déjà tout mouillé. Mon voisin gratte son pare-brise nerveusement. Il me voit, je le salue à travers la vitre, il m'adresse un sourire. Le ciel s'est dégagé, le soleil tape mais la neige tient sur le rebord de ma vitre. Pas de doute, l'hiver s'est installé. Alors je mets mon gros manteaux. Je sors dans le jardin où quelques oiseaux courageux ont encore la force de se faire entendre. Je rentre quelques bûches. J'allume le foyer. Je m'assois au coin du feu, un plaid par-dessus moi, je mets mes lunettes et je lis. L'hiver a commencé.
Vendredi 28 novembre - 23h03
Vole, vole, tournoie dans les airs.
Tourne, tourne, va par le désert.
Piaille, piaille, chante comme nos pères.
Chante, chante, je n'sais plus le faire.
Pars, pars, quitte la misère.
Pars, pars, loin de nos frontières.
Pars, pars, quitte cette terre.
Pars, pars, retourne en arrière !...
Et encore le malheur a frappé. Et encore l'horreur est arrivée. L'Oiseau qui se croyait libre a été rattrapé par la folie de l'Homme. Et encore sa tête a heurté ce mur qui n'écoute plus nos lamentations. Ce mur, de la honte.
Souffre, souffre, souffre comme nos deux peuples.
Souffre, souffre, souffre comme nos deux peuples.
Souffre, souffre, souffre comme nos deux peuples.
Souffre, souffre, souffre comme tous les peuples.
Souffre comme tous les peuples.